Les expositions universelles, comme celle de Shangai en 2010 on un thème général et modifient considérablement le paysage de la ville où elles se déroulent. Sur 350 hectares, il y a des aménagements beaucoup plus structurants, et les pays invités peuvent construire eux-mêmes leur propre pavillon (en se conformant à un règlement), pavillon qu'ils doivent démonter et déménager après l'exposition, sauf si une négociation a lieu avec le pays hôte pour que le pavillon reste en place, s'il présente un intérêt architectural ou historique particulier. Les expositions universelles qui durent six mois ont lieu tous les cinq ans. Entre deux exposition universelles a lieu une exposition internationale.

Les expositions internationales sont moins coûteuses que les expositions universelles. Les grands travaux de construction de pavillon et d'infrastructures sont moins lours et plus recyclables. Ces expositions ont en général un thème plus spécialisé et se déroulent sur une superficie de 25 hectares, pendant trois mois au maximum. Ce ne sont pas les pays participants qui construisent les pavillons mais le pays hôte. Même lorsqu'elles ont lieu dans une ville déterminée, l'organisation des expositions est toujours réalisée par un Etat qui affiche ainsi ses priorités de développement.

Le Bureau International des Expositions a une autre classification des expositions dans son Protocole. Il distingue les expositions enregistrées et reconnues, les expositions enregistrées corresondant aux expositions dites universelles et les reconnues aux internationales.
Expositions reconnues : d'une durée inférieur à 3 mois et supérieure à 3 semaines. Thème précis. Surface maximale : 25 ha. Attribution aux Etats participants des surfaces libres de tout loyer, construites par l'organisateur, et ne pouvant dépasser 1000 mètres carrés. Une seule exposition reconnue peut se tenir entre deux expositions enregistrées.
Expositions enregistrées : elles ont une durée inférieure à 6 mois et supérieure à 6 semaines. Depuis 1995, l'espacement entre deux expositions enregistrées est de 5 ans minimum. Une dérogation d'une année peut être accordée pour faire coincider l'exposition à la célébration d'un événément de portée internationale. 

Liste des expositions internationales (en gras les expositions "universelles" ou "enregistrées")  :
1851 LONDRES - Angleterre
1855 PARIS - France
1862 LONDRES - Angleterre
1867 PARIS - France
1873 VIENNE - Autriche
1876 PHILADELPHIE - USA
1878 PARIS - France
1880 MELBOURNE - Australie
1888 BARCELONE - Espagne
1889 PARIS - France
1893 CHICAGO - USA
1894 ANVERS - Belgique
1897 BRUXELLES - Belgique
1900 PARIS - France
1904 SAINT LOUIS - USA
1905 LIEGE - Belgique
1906 MILAN - Italie
1910 BRUXELLES - Belgique
1911 TURIN - Italie
1913 GAND - Belgique
1915 SAN FRANCISCO - USA
1929 BARCELONE - Espagne
1930 LIEGE - Belgique
1933 CHICAGO - USA
1935 BRUXELLES – Belgique
1936 STOCKHOLM - Suède
1937 PARIS – France
1938 HELSINKI – Finlande
1939 LIEGE - Belgique
1939 NEW YORK – USA
1947 PARIS - France
1949 STOCKHOLM – Suède
1949 PORT-AU-PRINCE – Haïti
1949 LYON - France
1951 LILLE – France
1953 JERUSALEM – Israël
1953 ROME – Italie
1954 NAPLES – Italie
1955 TURIN – Italie
1955 HELSINGBORG - Suède
1956 BEIT DAGON - Israël
1957 BERLIN - Allemagne
1958 BRUXELLES – Belgique
1961 TURIN - Italie
1962 SEATTLE – USA
1964 NEW YORK - USA
1965 MUNICH - Allemagne
1967 MONTREAL – Canada
1968 SAN ANTONIO - USA
1970 OSAKA – Japon
1971 BUDAPEST– Hongrie
1974 SPOKANE - USA
1975 OKINAWA – Japon
1981 PLOVDIV – Bulgarie
1982 KNOXVILLE – USA
1984 NOUVELLE ORLEANS– USA
1985 TSUKUBA– Japon
1985 PLOVDIV– Bulgarie
1986 VANCOUVER – Canada
1988 BRISBANE – Australie
1991 PLOVDIV - Bulgarie
1992 GENE - Italie
1992 SEVILLE - Espagne. Age de la découverte.
1993 TAEJON - Corée. Nouvelle voie pour le développement.
1998 LISBONNE - Portugal. Océans pour le futur.
2000 HANOVRE – Allemagne. Homme, nature et technologie.
2005 AICHI – Japon
2008 SARAGOSSE - Espagne. L'eau et le développement durable.
2010 SHANGHAI – Chine. Meilleure ville, meilleure vie.
2012 YEOSU - Corée. Côtes et océans vivants.
2015 MILAN - Italie.  Nourrir la planète, énergie pour la vie.

L'un des bâtiments de l'Expo 86 à Vancouver est en cours de destruction. Il s'agit du bâtiment de "La place des nations" qui durant plus de 20 ans a servi de site d'exposition et a abrité diverses administrations. La charpente métallique n'étant plus stable ni sure, la démolition du site a été entreprise en 2007, après avoir abrité le 20ème anniversaire de l'Expo 86 en mai 2006.

(c) photo : site mainframe.org

C'est en 1852 que paraissent en France les décrets instituant une exposition universelle des produits de l'agriculture, de l'industrie et des beaux-arts.
C'est une nouveauté française : on souhaite exposer non seulement l'économie mais également l'art. La France a en effet une longue tradition depuis Louis XIV des "Salons" qui sont un moment important pour les artistes car c'est dans leurs murs que se décident les commandes et donc le succès des peintres et des sculpteurs. L'exposition universelle sera donc une sorte de super-salon, faisant le bilan non plus d'une année mais de toute une génération et même d'un siècle.

Contrairement à l'organisation qui était privée en Angleterre, c'est l'Etat français qui prend en charge toutes les dépenses. Dès le départ, les expositions ont un statut très différent les unes des autres ce qui rend difficile toute comparaison. La situation sera éclaircie par la signature d'une convention internationale à Paris, établissant un Bureau International des Expositions en 1928 dont le siège se trouve à Paris depuis lors. Pour plus de précision sur la naissance de la convention, du BIE et des révisions du Protocole, voir le site internet du Bureau International des Expositions. Jusqu'en 1928, n'importe quel pays ou groupe industriel par exemple, pouvait organiser une exposition internationale, susceptible d'être qualifiée d'universelle. Pour être reconnue jusqu'en 1928, seul la force prime : il suffisait que l'exposition soit non spécialisée, et qu'elle reçoive la participation de la plupart des États indépendants de l'époque.

L'historien Pascal Ory définit ainsi les expositions universelles : exposition internationale, non spécialisée reconnue par le consensus des commissaires généraux. Entrent dans cette catégorie les expositions internationales thématiques à condition que le titre soit suffisamment large pour servir de fourre-tout ! Exemple : Paris 1937 "Arts et techniques dans la vie moderne". N'y entrent pas les expositions spécialisées puisque le thème choisi élimine d'emblée tel ou tel aspect de la représentation. Ce sera le cas par exemple des expositions coloniales de Londres (1924-1925), de Paris (1931), ou encore l'exposition des arts décoratifs (Paris 1925).

La France jusqu'à aujourd'hui a organisé six expositions universelles : 1855, 1867, 1878, 1889, 1900, et 1937. Elles ont été séparées en général par 11 ou 12 années, celle de 1900 étant la dernière du XIXème siècle. Il n'y en a eu qu'une au XXème siècle (1937).
Il n'y a pour l'instant aucun projet pour le XIXème siècle.

A noter qu'un grand projet d'exposition internationale à Paris en 2008 a été élaboré en 2001-2002 et est allé assez loin, jusqu'au recrutement des commissaires et organisateurs. Ce projet a été stoppé net et annulé par le gouvernement Rafarin, dès sa constitution après l'élection présidentielle de 2002, pour le motif que cela faisait trop de choses à organiser (et à financer) avec les Jeux Olympiques de Paris 2008 ! La ville était en effet candidate à cette époque là et l'on ignorait que les jeux de 2008 nous passeraient sous le nez.

A lire :
Le Protocole du Bureau International des Expositions (révision de 1980)
Izmir candidate à l'organisation de l'Expo 2015 : excellent article du Monde Diplomatique

Au milieu du XIXème siècle, on change de dimensions par rapport aux expositions de Shipley et Neufchâteau. Le capitalisme libéral féru de machinisme, et le libre échange créent un climat faborable à la première Exposition Universelle.
A noter également l'accroissement du réseau des chemins de fer, la construction d'usines, bateaux, ponts en métal. Les banques s'ouvrent à la petite épargne, etc.  L'Europe s'assimile au monde et sa civilisation à La Civilisation. L'univers humain est en passe d'être fini et l'Exposition Universelle rend comte tout à la fois de sa vastité, de sa richesse, et de sa clôture sous l'égide occidentale.   

C'est l'Angletterre qui ouvre la toute première Exposition Universelle, le 1er mai 1851, à Londres. L'une des surprises de cette exposition, c'est la conquête de la monumentalité.

Joseph Paxton (1803 - 1865) jardinier devenu architecte expert dans la construction de serres bâtit le Crystal Palace, serre extrapolée aux dimensions de palais. Le bâtiment fut démonté après l'exposition, puis rebâti dans la banlieue sud de Londres, avant d'être détruit en 1936 à la suite d'un incendie.

L'exposition est un produit du monde moderne, de l'industrie et de la libre concurrence. L'invention de l'exposition industrielle a eu lieu en Angleterre, au milieu du XVIIIèmeXVIIIème siècle.
En 1761, le dessinateur William Shipley, fondateur de la "Society of Arts" (société pour l'encouragement des arts, des manufactures et du commerce) fait un invention : après avoir exposé des tableaux, il expose des produits industriels. Cette idée reste limitée à l'Angleterre.

En France, c'est François de Neufchâteau, Ministre de l'Intérieur du Directoire, qui invente en 1798 la première véritable exposition. Elle est publique (gratuite) et nationale. La France expérimente depuis une dizaine d'années l'idée de nation et elle choisit d'exposer les produits de son industrie, assortie de récompenses graduées (émulation et méritocratie).
Le rôle de l'Exposition est politique (la France à retrouvé sa prospérité), national (Nous damons le pion à l'Angleterre) et idéologique (humanité engagée sur la voie du progrès).

Le lieu : le Champ de Mars à Paris. Chargé d'histoire, c'est à la fois un terrain militaire et le lieu du baptême de la nation française, avec huit ans plus tôt la Fête de la Fédération.

L'exposition a un grand succès, qui sera repris par tous les régimes qui se succèdent en France jusqu'au second régime. De 110 exposants en 1798 on arrive à 4532 lors de la 11ème exposition en 1849. On est cependant encore loin de l'Exposition Universelle car celle-ci ne laisse pas de trace dans le paysage urbain quand l'exposition se termine. C'est ce qu'on appellerait aujourd'hui une "foire-expositionfoire-exposition" avec cependant moins de commerce et plus de technique. L'architecture de ces prémices d'exposition est en bois recouvert de tissus peint façon pierre, et orné de motifs en plâtre peints façon bronze. L'exposition (par peur de la concurrence ?) reste franco-françaisefranco-française. Au cours de la Monarchie de Juillet, le voeu d'internationaliser l'exposition industrielle avait été émis mais s'est heurté aux partisans des barrières douanières qui pensaient que le fait d'internationaliser l'exposition allait favoriser en premier lieu l'Angleterre.